Mon chiot mordille

Mon chiot mordille

La plupart des chiots mordillent en jouant, ces mordillements peuvent très vite devenir un vrai problème d’éducation  du chien quand les maîtres mal avertis font l’amalgame entre comportement agressif et mordillements de jeu ou d’excitation.

On peut considérer que le chiot mordille quand il joue, demande à jouer ou invite à une interaction. C’est l’intention du chiot qui fait la différence entre mordillements et morsures. Ainsi, nous pouvons parler de morsure quand le chiot commence à prendre conscience de l’impact de ses mordillements sur la peau, quand il utilise ses dents pour stopper une interaction ou quand par peur il cherche à fuir un contact devenu trop stressant ou douloureux.

Exemple : Un chiot que l’on saisit par le collier appose ses dents sur la main pour que l’action s’arrête et que l’action s’arrête ; le maître doit prendre conscience qu’il a récompensé le chiot d’avoir mordu pour obtenir la fin d’une interaction. Certes, ce n’est pas une agression, ce n’est jusque-là qu’un moyen de communication comme un autre. Mais qu’en sera-t-il quand le chiot aura appris, grâce à l’impact de ses dents, qu’il peut contrôler une action et qu’un jour l’action qu’il tente de contrôler ne s’arrête pas pour autant ? Il augmentera naturellement le critère pour être sûr de bien faire passer le message.

Si le chiot nous demande d’arrêter les manipulations, c’est qu’a priori il n’aime pas cela, et il a le droit de ne pas aimer. Il nous reste à lui apprendre à les apprécier et à faire attention à la qualité de nos interactions pour que le chiot ne les appréhende et ne cherche pas à les fuir. Un chien bien dans ses poils cherche le contact. Si votre chien montre des signes d'isolement ou de comportement anormal, il est possible qu'il ait un problème de santé. Consulter un vétérinaire vous aidera à identifier toute cause médicale possible derrière cet isolement et à prendre les mesures appropriées pour sa santé et son bien-être. En envisageant une assurance pour chien, vous pourrez également vous préparer financièrement à d'éventuels frais vétérinaires inattendus, vous offrant ainsi une tranquillité d'esprit supplémentaire pour prendre soin de votre fidèle compagnon sans soucis financiers.

Ce n’est donc certainement pas en le sanctionnant de nous avoir demandé gentiment d’arrêter, mais non plus en le récompensant en arrêtant de le toucher que nous allons résoudre le problème. Il nous faudra lui faire aimer le contact par des associations positives à l’aide de friandises, de caresses douces et amicales et rester à l’écoute de sa demande de cesser ce type d’interaction ou de diminuer l’intensité du contact pour l’aider à s’y adapter.

Pour qu’un chiot soit socialement fiable avec l’humain il nous faut lui apprendre à aimer l’espèce humaine. Si nous lui apprenons à avoir peur des humains en craignant leurs réactions ou bien si nous lui apprenons à ne pas avoir peur des humains en oubliant d’installer le plaisir d’interagir avec eux, alors nous risquons un jour ou l’autre l’accident. Il nous restera à compter en toutes circonstances sur la capacité des maîtres à contrôler leurs chiens et sur la capacité de ces mêmes maîtres à être suffisamment lucides et alertés pour ne jamais mettre leurs chiens dans des situations qui risqueraient de leur donner une bonne raison d’agresser.

La bonne nouvelle est que la plupart des chiots qui mordillent sont des chiots spontanément sociaux qui n’ont pas peur d’aller au contact. Cela a ses avantages et ses inconvénients. L’avantage étant que ce sont souvent des chiens qui apprennent vite et qui ont un grand sens de la coopération, l’inconvénient étant que les mordillements mal gérés et mal contrôlés peuvent vite se transformer en morsures, d’autant que ce sont souvent également des chiots très sauteurs. Je saute, je mordille en même temps, mon maître s’énerve, me repousse, je mordille et saute encore plus haut. Un rapport de force et un problème de communication s’installent tranquillement entre un maître et un chiot qui ne demandait qu’à créer le contact.

Il y a donc énormément de bonnes raisons d’apprendre l’inhibition de la morsure à un chiot et de prendre au sérieux le programme ci-dessous décrit, pensé et finalisé par Ian Dunbar pour éviter d’être confronté à un problème d’éducation difficile à vivre au quotidien pour les maîtres et qui les laissent trop souvent supposer que leur chien est caractériel ou à des problèmes de comportement sans s’imaginer une seule seconde que ce problème c’est construit petit à petit et qu’il aurait pu en être différemment si la qualité de leurs interactions avait été gérée autrement.

Les conseils :

Les étapes sont les suivantes :

  1. Tu ne dois pas mordre fort.
  2. Tu ne dois pas mettre de la pression quand tu mords.
  3. Tu peux mordiller jusqu’à ce que je te dise d’arrêter.
  4. Tu ne dois jamais prendre l’initiative de mordiller.

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Au début, le chiot va mordre dès que l’on entrera en interaction avec lui. C’est normal. Nous devons, dès que la pression se fait sentir, lui adresser un “Aïe” très fort et spontané tout en cessant le jeu quelques secondes. Immédiatement après, en reprenant le jeu, le chiot va de nouveau mordiller fort, vous recommencez avec un “Aïe” et en cessant le jeu une nouvelle fois. Le chiot doit faire l’association entre « Je mords fort, mon maître crie “Aïe” et je perd le jeu avec lui. Pour que le chiot fasse la relation entre les deux, nous devons répéter plusieurs fois cet exercice, avoir un bon timing et ne pas oublier d’arrêter pour punir l’action de mordiller et de recommencer pour récompenser le chiot d’avoir arrêté. Quand le chiot commencera à comprendre que ce n’est pas le jeu que vous punissez, mais la façon dont il joue, vous remarquerez qu’il vous regardera dans les yeux et contrôlera quelques secondes l’intensité de sa morsure puis, comme pour être sûr qu’il a bien compris votre message, tout d’un coup il vous mordra de nouveau un peu plus fort. Il vous suffira d’arrêter de nouveau en disant “Aïe”. Votre chiot associera rapidement qu’il suffit pour lui de contrôler l’intensité de sa morsure pour obtenir ce qu’il désire : le jeu avec vous.

Une fois cette étape acquise, vous passerez à l’étape suivante qui est de lui apprendre à ne jamais mettre de pression en mordant. Vous utiliserez la même méthode que celle décrite ci-dessus.

Quand votre chiot aura appris à contrôler l’impact de sa mâchoire sur votre main pour ne la mordiller que gentiment lors d’interactions de jeu, vous lui apprendrez, à l’aide d’une récompense, à arrêter de vous mordiller sur ordre. Vous jouez, il mordille très légèrement, vous arrêtez tout mouvement et vous redites à votre chiot : “Arrête”. Dès que votre chiot lâche, immédiatement vous lui dites que c’est bien et vous lui donnez une récompense friandise.

La dernière étape sera de lui apprendre à ne plus jamais utiliser sa mâchoire pour jouer. Dès qu’il commence, immédiatement vous lui dites d’arrêter en cessant le jeu. Je vous conseille, tout de suite après lui avoir dit stop, de reprendre le jeu en lui signifiant de faire attention à ne pas mettre ses dents sur vous. C’est un travail sur l’intention de… Sinon, vous risquez de ne rester qu’à l’étape du “Arrête de mordiller” au lieu de progresser vers l’étape “Je t’interdis de mordiller”.

Il incombe aux parents, et non aux enfants, de mettre cet apprentissage en place. Je vous conseille en outre de commencer par des jeux avec un niveau d’excitation le plus bas possible. Une fois que votre chiot aura appris à se contrôler, vous penserez à contrôler si l’acquisition est aussi bonne quand le niveau d’excitation est plus élevé : quand vous courez avec lui par exemple.

Rappelez-vous : si vous sanctionnez votre chiot pour ses mordillements, vous sanctionnez aussi son envie d’interagir avec vous. Il se peut que le chiot ne mordille plus la personne qui le sanctionne, mais ne joue plus non plus avec elle.

Croyant sanctionner les mordillements, c’est l’envie du chien d’interagir qui a été sanctionnée et les conséquences comportementales qui en découleront (évitement, refus ou peur de créer le contact, mauvaise gestion de l’excitation, perte de confiance dans la réactivité des humains, mauvais rappel, morsure dans le pire des cas…).

Prenez le programme ci-dessus au sérieux pour évoluer avec un chiot bien dans ses poils.

Auteur : Catherine Collignon, Éducatrice spécialisée en rééducation comportementale

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