Ilya toujours attentive ! (crédit : DR)
Une bonne gestion rime avec organisation
La gestion d’une maison de retraite pour animaux est complexe et très lourde à assurer. Chaque jour, dans le bureau, l’équipe du refuge AVA- (Aide aux Vieux Animaux) se réunit pour le débrief du soir. Après une revue attentive tout au long de la journée, de chaque animal, le responsable établit un compte rendu qui est envoyé aux équipes vétérinaires des cliniques référentes, afin de contrôler les évolutions des traitements en cours. Photos et vidéos documentent ce compte rendu, afin d’établir des suivis et diagnostics précis. Pour les urgences, les animaux sont pris en charge par une clinique proche du refuge. Les docteurs vétérinaires assurent des visites régulières et enfin, si nécessaire, le vétérinaire peut demander qu’un animal soit transféré en clinique pour une hospitalisation, un monitoring, ou une surveillance médicalisée.
Un accompagnement jusqu'en fin de vie
Sur une population vieillissante, qui nécessite un nombre important d’analyses, d’examens voire d’opérations chirurgicales, les consultations, les actes, l’imagerie, les analyses de laboratoire, médicaments et compléments alimentaires représentent un des budgets très conséquent du refuge. C’est là que les dons et les parrainages d’animaux entrent en jeu. Pour certains animaux qui ont des besoins spécifiques, comme Dagobert, un labrador paralysé qui ne pouvait plus marcher ou sortir sans assistance humaine, les parrains et marraines constituent un réel soutien. Néanmoins, la règle du refuge est claire : la mission de l’équipe est d’offrir une belle vie, ou fin de vie, à tous ces animaux, mais en aucun cas de faire de l’acharnement thérapeutique. Savoir prendre la distance nécessaire pour évaluer le niveau de bien-être de l’animal reste indispensable. Si les soigneurs sentent qu’un animal est arrivé au bout de sa belle vie, et qu’il entre en souffrance, tant psychiquement que physiquement, ils envisageront de l’aider à partir. La gestion de ses émotions est alors fondamentale aux membres de l’équipe : « Dès le début, nous savons dans quoi nous nous embarquons, et pourquoi on le fait. On doit être capables de gérer cela, humainement parlant. On aime profondément tous nos petits vieux, et on sait que nous sommes là pour les accompagner jusqu’au bout. En vertu de ce respect qu’on leur doit, on arrive à leur offrir le meilleur, en les entourant d’amour et d’attention, et nous sommes lucides : nous n’échapperons pas à la douleur et à la tristesse de les voir partir, mais notre chance, c’est de les aimer jusqu’au bout, quand leurs maîtres ne pouvaient pas le faire », assure Fanette.
Le témoignage des débuts de Maud
Maud, qui travaille à AVA depuis 7 ans, se souvient d’ailleurs de sa première nuit sur place comme d’un moment très symbolique de l’esprit de l’équipe : « C’était trois jours à peine après la signature de mon contrat comme soigneur animalier. Le feeling était tout de suite passé avec Fanette. J’avais accepté de commencer tout de suite, mais le temps de me trouver un logement, Fanette m’a proposé d’utiliser la chambre d’amis à l’étage de la maison des petits vieux. Vers 2h du matin, j’entendis un chien qui remuait beaucoup au rez-de-chaussée. Je suis descendue pour voir, en tâchant de ne pas réveiller Fanette qui dormait à côté… et je suis finalement tombée sur elle, en train de faire exactement la même chose ! Une chienne, Marinette, était en train de faire un AVC. Fanette m’a demandé de la calmer le temps qu’elle appelle la clinique. Je me sentais démunie face à cette situation que je n’avais jamais vécue auparavant. A son retour, Fanette a pris le temps de tout m’expliquer (les symptômes, la prise en charge, les données à récolter et à transmettre au vétérinaire dans ce type d’urgence…), elle s’est occupée des soins de Marinette, conseillés par le vétérinaire de garde, et m’a énormément rassurée. Une fois la chienne apaisée et après avoir « sécurisé » son lieu de couchage pour finir sa nuit, nous sommes remontées finir la nôtre.
Je n’ai presque pas dormi durant les deux heures qu’il nous restait. J’étais dans mes pensées, et je me disais que j’allais être heureuse à AVA : je n’avais jamais rencontré un refuge où le personnel était aussi dévoué aux animaux. Fanette m’a juste « éblouie » cette nuit-là, de part sa dévotion, son empathie, son calme et son self-control, ses attentions envers nos protégés, mais aussi envers moi. »
Marinette (crédit : DR)
A l’heure actuelle, AVA est un unique refuge en France à offrir une telle alternative à l’euthanasie. Ces vécus interrogent nécessairement sur notre rapport à la vieillesse, et à la mort, qui n’est pas propre à notre relation avec nos animaux. N’avons-nous pas les mêmes problématiques avec nos aïeux ? Là encore, les réactions diffèrent selon les caractères, et les situations personnelles. « Il faut d’abord considérer l’animal comme un être vivant à part entière, afin de voir qu’il mérite et peut vivre une vraie fin de vie dans le respect et la dignité. Ceux qui comprennent cela, mais malheureusement ne peuvent pas l’offrir eux-mêmes à leur animal, font la démarche de trouver des alternatives, comme la nôtre. D’autres non. Ils arrêtent bien souvent quand cette vieillesse devient trop « gênante » pour eux, ils ne voient plus l’animal en tant qu’être, uniquement les problèmes qu’il engendre.
Par contre, lorsque nous aidons un animal en souffrance, ou dans un état de sénilité tellement avancé qu’il ne profite vraiment plus de rien, à partir, c’est une réelle délivrance, et je pense que ça le serait aussi pour certains humains. Nos animaux qui sont arrivés au bout, et que nous décidons d’endormir pour qu’ils partent dignement, sont toujours entourés de quatre ou cinq personnes qui leur parlent, les caressent, les embrassent, jusqu’à leur dernier souffle, et à chaque fois je pense que peu d’humains ont la chance de partir comme ça, entourés des gens qui les aiment. »
Retrouvez de nouveaux moments intenses dans notre maison de retraite pour animaux dans notre prochain article !
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